Quatre saisons (1982/83), 65'08

Baritone: Jorge Chaminé
GRM recording by Christian Zanesi

The general idea of this piece was to imagine a fresco comparable to a Lied, where the soloist's voice is accompanied by electronic sounds combined with concrete and instrumental sounds processed on a computer — sounds from nature and transformed orchestral sounds. Only German corresponded to the conditions I had set for myself — expressionism, distance from the text (which does not really need to be understood), musical language.
Goethe's “Four Seasons” was written in the fall of 1797, after the writer's journey to Switzerland. It is not one of his most well-known works: only the “Autumn” and “Winter” sections are included in standard selections of his poetry.
In selecting the verses for the vocal part, I was guided by the musicalness of the German language when it is sung rather than by the actual meaning of the words.
The theme of the “Four Seasons” is sufficiently general to lend itself to electroacoustic experiments. The overall form of the composition might be compared to a symphony in four movements (allegro, andante, scherzo, adagio). After breaking up the poem and selecting the verses I wanted the soloist to sing, I began to work simultaneously on the tape and on the solo part in the chronological order of the seasons — spring, summer, autumn, winter. The writing of the vocal part is intentionally traditional to the degree that it remains lyrical and does not require any effects, in keeping with the spirit of the German Lieder.
The four movements are preceded by a tonal introduction which undergoes a gradual transition toward a dense material enriched with computer sounds. The element of water opens “Printemps” (Spring), which is treated in a pointillist manner and plays on the contrast between tape and voice (this is the most difficult section for the voice, requiring changes of register and jumps in intensity). “Été” (Summer) is subjected to an increasing tension, with impressions of night, heat, heaviness and love building up to a storm. My favourite season is “Automne” (Autumn), with its colours and smells — I picture it as a wild dance ushered in by a storm. “Hiver” (Winter) is the season of denudation and reflection — the voice opposes its warmth to the season's chill.
J.S.

Quatre saisons (Four seasons)

Spring
2. A wealth of flowers on the plain — some lovely to the eye,
others to the heart. Reader, now it’s your turn to take your pick!
17. Forget-me-not, your diminutive size, your winsome eye
speak endlessly — Don't forget me, don't ever forget me!...

Summer
21. As the seed’s slow to germinate in winter; in summer
it grows and ripens briskly — so does my fondness for you!
22. Fields, forests, mountains, gardens — to me
they were just spaces. Love, you’ve turned them into places!
30. Have you tasted the sublime toxin of unrequited love?
How it scorches, quenches, consumes and renews what it's made of!
37. Live, you must, and love, for loving and living must end.
Fate, if you'd only cut the two strands at once!
42. All creation's nature's work. From Jupiter's throne
shoots the almighty bolt that nurtures and shakes the world...

Autumn
38. Life brings fruit to man, but it's seldom as red
and cheerful as the apple beaming on the bough.
60. How does nature do it — uniting in humankind
the lowly and the sublime? By placing vanity in between.
65. Do you want to be free, my son? Then take up an honest trade,
keep to the middle way, don't set your sights too high!...

Winter
89. We all strive, race, seek and escape each other.
but the smooth way gently keeps us from going astray.
94. To fall is the lot of us mortals. The schoolboy falls
and so does the master; only the latter falls with a bigger crash.
98. Thus the generations slip away, the variegated world scatters.
Again boatman and fisherman possess the roily current.
99. Drift on, majestic chunk of ice! You may not reach the end
as ice, but you'll get there all the same, a drop in the sea!...

Goethe
(translation Michael Taylor)

Jean Schwarz (1939-)

Jean Schwarz, born in 1939, is an “elder” of INA grm.
In his career he has composed for the shows of Carolyn Carlson, Maguy Marin, Larrio Ekson, Françoise Dupuy, Serge Campardon, Petrika Ionesco, Bartabas, for the cinema: the films of J.-L. Godard, S. Moati, G. Blain, A. Resnais, A. Cavalier... and has collaborated with many jazz musicians.
Co-author with André Francis of the record boxes “Trésors du Jazz” and “Jazz Characters”, 500 CDs “Le Chant du Monde” 2002-2010.
Main works: “Erda” 1972, “Anticycle” 1972, “Il était une fois” 1974, “Symphonie” 1975, “Don Quichotte” 1976, “Fotoband” 1977, “Roundtrip” 1977, “Klavierband” 1978, “Gamma plus” 1979, “Surroundings” 1980, “La glace à trois faces” 1981, “And around” 1981, “Suite N” 1982, “Quatre saisons” 1983, “Perpetuum mobile” 1985, “Chantakoa” 1986, “Quatre vingts” 1988, “Suite symphonique” 1989, “The sea maid’s music” 1990, “Mano a mano” (avec D.Teruggi) 1991, “Olé” 1992, “Canto” 1993, “Capriccio” 1993, “Makinak” 1995, “Chasin’” 1996, “Mixed up” 1997, “Etudes” 1998, “Dilin dalan” 1999, “Feedback” (avec J. Labarrière) 2002, “Fantaisie rythmique” 2007, “Swan” 2014, “Sinfonietta” 2016, “Symphonies du ciel” 2019, “Schwarzland” 2020.

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Quatre saisons (1982/83), 65'08

Baryton : Jorge Chaminé
Enregistrement GRM: Christian Zanési

L'idée générale de la pièce fut d'imaginer une fresque proche du Lied où les sons électroniques augmentés des sons concrets et instrumentaux traités par ordinateur, les sons de la nature et les transformations de l'orchestre, accompagnent une voix soliste. Seule la langue allemande réunissait les conditions que je m'étais fixées, à savoir : expressionnisme, distance par rapport à un texte dont la compréhension n’était pas indispensable, musicalité de la langue.
Le poème de Goethe, les “Quatre saisons”, a été écrit à l'automne 1797 au retour du voyage en Suisse. Il n'existe pas, semble-t-il, de traduction du texte déjà rare dans sa langue d'origine puisque seuls l’“Automne” et l’“Hiver” figurent dans les recueils courants.
La musique des vers de Goethe ajoutée à celle de la langue allemande chantée a été plus déterminante que le sens des mots dans le choix des vers destinés à la partie vocale.
Le thème des “Quatre saisons” est suffisamment général pour qu'un travail de recherche électroacoustique s'y prête. La forme de l'ensemble s'apparente à celle d'une symphonie en quatre mouvements : allegro, andante, scherzo, adagio. Après avoir procédé au découpage du texte, j'ai simultanément entrepris la réalisation de la bande et de la partie soliste dans l'ordre chronologique des saisons : printemps, été, automne et hiver. L'écriture vocale se veut traditionnelle dans la mesure où elle reste lyrique et ne fait appel à aucun effet afin de rester dans l'esprit du Lied.
Les quatre mouvements sont précédés d'une introduction tonale qui glisse progressivement vers une matière dense, enrichie de sons d'ordinateur. L'élément eau ouvre le “Printemps” traité en pointillisme et en contraste entre la bande et la voix dont c'est la partie difficile avec les changements de registres et les sauts d'intensité. L’“Été” est soumis à une tension croissante où les impressions de nuit, chaleur, pesanteur, amour dominent jusqu'à l'orage final. Ma saison de prédilection, avec ses couleurs et ses odeurs, est l’“Automne” que j'ai imaginé comme une danse folle annoncée par une tempête. Enfin l’“Hiver” où vient le temps du dépouillement et de la réflexion, la rigueur de la saison s'oppose à la chaleur de la voix.
J.S.

Quatre saisons

Printemps
2. La plaine est chargée de fleurs. Certaines ne sont belles qu’à l’œil,
d'autres au cœur seulement. À toi de choisir à présent !
17. Myosotis, ta taille minuscule, ton œil si charmant disent sans cesse ne m'oublie pas, ne m'oublie surtout pas...

Été
21. Telle qu'en hiver la semence ne germe que lentement pour croître
et mûrir vivement en été, telle a été mon affection pour toi.
22. Campagne, forêt, montagne et jardin ne furent jamais que des espaces pour moi ;
Tu en fais, Bien-aimée, une demeure.
30. Connais-tu le sublime venin de l'amour insatisfait ?
Il roussit et désaltère, consume la substance et la renouvelle.
37. Vivre, il le faut, et aimer. La vie et l'amour ont une fin.
Si seulement, Parque, tu tranchais les deux fils à la fois.
42. Toute création est œuvre de la nature. Du trône de Jupiter jaillit
l'éclair tout puissant qui ébranle et nourrit le monde...

Automne
38. La vie apporte des fruits à l'homme, mais rarement sont-ils rouges et gais
comme une pomme qui luit sur la branche.
60. Comment procède la nature pour unir le sublime et le mesquin dans l'homme ?
Elle introduit de la vanité entre les deux.
65. Veux-tu être libre, mon fils, alors fais un métier honnête,
sois modéré, ne vise jamais trop haut !...

Hiver
89. Chacun s'évertue, court, cherche et fuit l'autre,
mais une voie sans obstacles les réduit tous au même point en douceur
94. Tomber est le sort des mortels. Ainsi tombe l'élève comme le maître,
mais la chute du dernier est bien plus dangereuse.
98. Elle est passée, cette génération, dispersé ce monde bariolé.
Le flux mouvementé appartient à nouveau aux bateliers et pêcheurs.
99. Vogue, bloc de glace majestueux! Et si tu n'atteins pas le fond sous cette forme,
c'est en tant que goutte que tu seras mêlé à la mer..

Goethe
(traduction Karin Brown)

Jean Schwarz (1939-)

Jean Schwarz né en 1939 est un “ancien” de l’INA grm.
Dans sa carrière il a composé pour les spectacles de Carolyn Carlson, Maguy Marin, Larrio Ekson, Françoise Dupuy, Serge Campardon, Petrika Ionesco, Bartabas, pour le cinéma : les films de J.-L. Godard, S. Moati, G. Blain, A. Resnais, A. Cavalier… et a collaboré avec de nombreux musiciens de jazz.
Co-auteur avec André Francis des coffrets “Trésors du Jazz” et “Jazz Characters”, 500 CD “Le Chant du Monde” 2002-2010.
Principales œuvres : “Erda” 1972, “Anticycle” 1972, “Il était une fois” 1974, “Symphonie” 1975, “Don Quichotte” 1976, “Fotoband” 1977, “Roundtrip” 1977, “Klavierband” 1978, “Gamma plus” 1979, “Surroundings” 1980, “La glace à trois faces” 1981, “And around” 1981, “Suite N” 1982, “Quatre saisons” 1983, “Perpetuum mobile” 1985, “Chantakoa” 1986, “Quatre vingts” 1988, “Suite symphonique” 1989, “The sea maid’s music” 1990, “Mano a mano” (avec D.Teruggi) 1991, “Olé” 1992, “Canto” 1993, “Capriccio” 1993, “Makinak” 1995, “Chasin’” 1996, “Mixed up” 1997, “Etudes” 1998, “Dilin dalan” 1999, “Feedback” (avec J. Labarrière) 2002, “Fantaisie rythmique” 2007, “Swan” 2014, “Sinfonietta” 2016, “Symphonies du ciel” 2019, “Schwarzland” 2020.